Guide de l'exposition internationale Turin 1911 (Momo)

Le Journal I,a galerie du travail communique a la fois, au moyen de deux passages lateraux a gauche, avec le palais du journal et le pavilion de 1'Angleterre. I,e Journal en action, complete par 1'imprimerie de 14oo que nous visiterons plus loin dams le Bourg moyen-age, forme, avec la Mode et 1'Electricite en action, 1a trinit6 des merveilles, des choses veritablement nouvelles de 1'Exposition. Le siege meme que le journal s'est cre6 merite une description particuliere. Se d€tachant nettement du style a arabesques du xvlll siecle, sans trop d'ornements, d'une decoration sobre, il se fait remarquer, colnme un solitaire, dams le grand chceur des edifices de l'Exposition. Ses lignes, quoique harmonieuses et agr6ables a 1'ceil, tiennent tout ensemble de l'atelier et de la gare; en le voyant de dehors, on ne peut douter que dedans on n'y travaille serieusement. Sa forme robuste ferait croire que le palais du journal, comme la galerie du travail, soit bati en fer; mais on sait que son ame est plus moderne ancore; elle est de Z7C;jo" c!yov&G et cela lui permettra de survivre, seul entre tant de blanches coupoles, a 1'Exposition de 1911. Symbole de la feuille quotidierme qui seule survit aux vagues houleuses des 6vchements qui la font naitre, nous le revel-rons encore, dams nos promenades au Valentin, 1ongtemps apt-es que sera 6touff6 1'echo de 1'Exposition internationale. En face du journal qui s'€crit, se compose et s'imprime en sa presence, 1e public 6prouve le meme sentiment de surprise qu'en visitant la grande salle de 1'electricite en action. Peu de personnes, en recevant chaque matin regulierement leur journal quotidien, se seront imagin61a somme de travail qu'exige tous les jours cette frele feuille de papier. Travail de machines de precision et travail d'hommes, auxquels les minutes sont compt6es, comme aux condamnes a moi-t. Travail qui se fait au cceur de la nuit, quand tous reposent et que Morphee 6tend le filet des r6ves, trompeur €t charmant. Travail de tension continuelle, 1'oreille pr6te aux appels du t€16phone, du t616graphe, avec devant soi la feuille de papier que 1'ouvrier linotypiste saisit, a peine remplie de lignes confuses. Ainsi, toujoul.s ainsi, toutes les nuits, jusqu'a la derniere minute disponible, quand les caracteres sont coulds et fondus dams les cylindres que la machine rotative emb'rasse et torture desesp6r6ment, en laissant se d6nouer la longue bande des num6ros qu'un fourgon au galop emportera a la gare voisine, pour les repandre sur la province aux premieres lueurs du four. - Ioo -

RkJQdWJsaXNoZXIy MTUzNDA1OQ==